Chefferie-Cameroun: Succession sous fond de crise au village Song Nlend

Cela fait suite au refus de l’actuel régent Michel Makon, de céder la place au vrai héritier du trône.

D’ordinaire si calme et constituée d’une population dynamique,  hospitalière,  la petite localité de Song Nlend, perdue dans les profondeurs  de  l’arrondissement de Dibang, département du Nyong et Kellé, aura pourtant été le théâtre d’une regrettable scène de rébellion ayant fait le tour du monde, à partir d’une vidéo diffusée sur  les réseaux sociaux,  dans laquelle, un homme vêtu des attributs de chef traditionnel, refuse l’accès au village au sous-préfet de Dibang, venu procédé aux consultations populaires, en vue de la désignation du chef traditionnel de ce terroir. C’était le 12 Juillet 2024. Plusieurs jours après, la tension n’est  pas retombée, et la confusion règne toujours dans les esprits. Au fond donc, de quoi s’agit-il concrètement ?

Genèse de la succession …

Tout commence en 1943, avec le  tout premier Chef de Village de Song Nlend, Sa majesté Pierre Hell Bikaï, dont le règne aura duré 42 ans. A sa mort en 1985, il laisse comme héritier de son trône,  son fils Raphael Bikaï Hell, frère de l’actuel régent qui bloque la succession, et dont les images ont fait le tour du monde, Michel Makon. En 1989, Sa Majesté Bikaï Hell Raphael, succède légitiment à son père par  arrêté préfectoral. Il y règnera pendant 17 ans à son tour, et à son décès en 2006, il laisse une famille de 09 enfants, parmi lesquels est choisi son héritier au trône, René Pascal Bikaï. Quelques-uns de ses frères et lui vivant en hexagone et le reste de la fratrie à l’époque des faits encore mineur,  il prendra soin de confier momentanément la chefferie à leur  oncle, Michel Makon. « Nous avons au préalable pris toutes les précautions légales. Les documents ont été écrits, signés et légalisés, cédant le pouvoir à mon oncle comme régent et non comme propriétaire du trône. En plus, il le sait, en pays Bassa où je suis originaire, le frère ne succède pas au frère. Il n’y a que le fils qui succède au père. En clair, la chefferie est un héritage qui va de père en fils  » Précise René Bikaï.

Le refus de céder malgré l’existence des éléments de droit…

Cette précaution ne changera rien aux intentions de sieur Michel Makon, qui assure l’administration de cette chefferie en qualité de régent voilà bientôt 18 ans. Face à la volonté de René Bikaï et de tous les membres de la famille nucléaire,  d’occuper désormais son trône et devant le refus catégorique du régent Michel Makon  de se conformer aux engagements pris, une démarche en direction des autorités administratives compétentes est faite pour asseoir les bases légales de son héritage. «  J’ai été rétabli dans mes droits par le Ministère de l’Administration Territoriale. C’est d’ailleurs en application de ces décisions que le Sous-préfet de Dibang est descendu sur le terrain le 12 Juillet dernier aux fins de procéder aux consultations qui ont avorté. Bien entendu, après avoir retiré l’arrêté désignant monsieur Makon comme régent depuis 2023. Chose curieuse, 80% de personnes qui manifestent dans la vidéo ne sont que d’ailleurs  des jeunes garçons déplacés, provenant des zones de guerre. Je suis adoubé par les miens au moins à 99%. Cette confusion est l’œuvre de madame le  maire de l’arrondissement de  Dibang, instigatrice en chef  de ce désordre, laquelle  manipule mon oncle aux fins que j’ignore. Il s’agit bien de la nommée madame Ngo Bikay Véronique, épouse Kome, maire RDPC de l’arrondissement de Dibang », Affirme René Bikaï.

Couleur des lendemains qui arrivent …

L’incident du 12 Juillet 2024, n’aura pas empêché au Sous-Préfet de Dibang de veiller à la meilleure application des décisions. La convocation des notables qui a suivi a donné une clarté dans le dossier, confirmant les éléments indiqués plus haut. S’en suivra dans les brefs délais un rapport de l’autorité administrative à sa hiérarchie afin que des mesures adéquates soient prises pour la suite de la procédure. Pour l’heure, la situation reste tendue, mais l’autorité administrative reste le seul maitre à bord ayant le dernier mot.

Christian ESSIMI

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Brice Ngolzok
Journaliste économique spécialiste des questions d'innovation

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