La fondatrice de Telcar Cocoa Ltd a fait de cette fève de rente un instrument d’opulence au point de se hisser au sommet de la chaine de distribution.

De sa taille imposante à son regard toujours déterminé en passant par sa voix suave, Kate Fotso apparait comme un concentré d’énergies qui vient d’une autre planète. Un fin alliage de forces psychosomatiques qui vaut à cette femme d’affaire camerounaise la reconnaissance, mieux encore, l’admiration des tabloïds à la réputation avérée à l’instar du magazine Forbes Afrique qui la classe en 2016 à la tête des femmes les plus riches de la zone subsaharienne francophone du continent. Dans son récent numéro de février-mars 2023, le même magazine (Forbes Afrique) la cite dans sa liste des femmes les plus influentes d’Afrique.

La fondatrice et dirigeante de Telcar Cocoa Ltd en 1997, après ses différents passages à l’ONCC (Office National du Cacao et du Café), et au sein du négociant américain Cargill pendant une demi-décennie a su faire le bon choix car l’entreprise s’impose aujourd’hui dans cet univers très sélectif de l’exportation de la fève brune. En effet, le premier exportateur camerounais de cacao tient les rênes depuis plus d’une dizaine d’années, ceci avec la contribution notable de son coactionnaire américain Cargill dont les actions s’élèvent à 49 % du capital de Telcar Cocoa Ltd. Une belle collaboration qui permet d’afficher des chiffres annuels flatteurs comme celui de la saison 2020-2021, au cours de laquelle l’entreprise de négoce a effectué des achats de 67 835 tonnes (22,1 % des volumes globaux) devançant cette année là, tous ses concurrents dans le secteur à l’instar de l’entreprise singapourienne Olam qui fera 19,94 % des achats.

Des résultats qui sont le fruit d’un vaste réseau de producteurs de Cacao entretenu par l’ex épouse  d’André Fotso, le défunt président du GICAM (Groupement Inter-patronal du Cameroun) à travers des actions concrètes sur le terrain. Au rang des initiatives on peut citer : Le programme de certification du cacao qui a impliqué plus de 30 000 producteurs de cacao et qui permis d’attirer les premiers investissements de la Société Financière Internationale dans l’industrie cacaoyère camerounaise ou encore le concept de l’académie des coopératives lancé en 2011 (Coop Academy) avec la filiale de la Banque mondiale, SFI. Celle dont le pseudonyme de Dame de fer de l’or brun sied bien avec sa fortune estimée à plus de 252 millions de dollars, soit à environ 150 milliards de francs CFA fait bien parti des travailleuses acharnées qui comptent toujours aller plus loin.

Ainsi, la native du Sud-Ouest Cameroun, Kate Kanyi-Tometi envisage très bientôt, selon des sources bien introduites dans ses locaux situés dans la zone industrielle de Douala au quatrième (IV) arrondissement à Bonabéri, la construction d’une usine de transformation de fèves de cacao à Kribi. Un ambitieux projet d’investissement car avec le nouveau règlement de l’Union Européenne contre la déforestation, l’avenir se trouverait dans la transformation locale des matières premières. Une récente étude du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement NDLR), montre que les entreprises exportatrices de fèves connaissent un taux de profit net de 30 % pour les opérateurs qui transforment des fèves en masse de cacao exporté vers l’Europe. Pour ceux qui s’investissent dans les fèves certifiées le profit est de 12 % et seulement 5% pour les exportateurs de fèves brutes.
De belles perspectives donc pour la mère de Itaka qui peut aisément envisager l’avenir de ses plus de 600 employés, dont une cinquantaine de femmes en toute sérénité et continuer à se mouvoir dans ses différentes autres niches d’extension de son expertise comme celles de Présidente du conseil d’administration d’Ecobank Cameroun, ou encore dans celui du Port autonome dans la ville balnéaire de Kribi et dans bien d’autres entreprises tant nationales qu’internationales.

Brice NGOLZOK

 

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