«Vous savez, on voudrait embaucher plus de personnes parce qu’on a besoin de plus de contenus. En effet, avec l’IA on a augmenté le nombre d’articles, de vidéos. »

Victoria Budanova, responsable Sputnik Afrique

Victoria Budanova, la responsable Sputnik Afrique s’est exprimée sur les contours d’une innovation virtuelle dans les contenus de l’agence de presse Sputnik. Une interview réalisée lors du sommet de l’Union Africaine de Radiodiffusion tenue à Yaoundé au Cameroun du 04 au 06 mars 2024. Bonne lecture…  

L’agence de presse multimédia internationale Sputnik a mis sur pied un système de présentateurs virtuels qui s’expriment à une dizaine de langues. Pouvez-vous nous donner les contours de ce concept ?

Effectivement, nous avons déjà au sein de notre équipe plus d’une dizaine de présentateurs virtuels. Ce sont des avatars et parfois ce sont des avatars non seulement générés par l’Intelligence Artificielle mais aussi ils y a ceux qui ont été conçus à partir d’une réelle personne par exemple une journaliste qui travaille Sputnik a prêté son physique, ses gestes et sa voix à l’un des avatars, celui-ci parle turc chez nous. Comment ça se passe concrètement ? En réalité se sont les vrais journalistes qui font le travail essentiel à savoir la recherche, le fact-checking, les reportages sur place etc. après on monte ces éléments pour produire un sujet animé par un présentateur virtuel. Le script est écrit par quelqu’un de réel, un spécialiste, un professionnel et ce qui est véhiculé au final se fait par un présentateur virtuel. Pour ce qui est de l’avatar que j’ai parlé qui est tiré d’une réelle journaliste, il suffit de 02 minutes d’enregistrement d’une de ses vidéos pour que l’IA copie ses attitudes et après elle peut l’appliquer pour d’autres vidéos sans que cette personne ne participe au tournage.

Cette initiative est-elle le fruit d’une innovation ou alors le fait de faire face à la concurrence et être plus compétitif sur le marché de l’information ?

Les deux paramètres y ont contribué car nous sommes un média digital, on est obligé de suivre les tendances, de les appliquer et de mettre en place de nouvelles choses. C’est pour cela qu’on a décidé de voir ce qui se passe au niveau de l’Intelligence Artificielle qui devient de plus en plus populaire auprès des médias dans le monde entier et pas que les médias car tout le monde peut l’utiliser à ses fins mais nous on a décidé d’essayer, on a vu que l’utilisation est très facile et pourquoi ne pas faire quelque chose d’original là-dessus ? On a vu qu’il y a la possibilité de créer des avatars mais aussi de prêter la voix de l’Intelligence Artificielle aux différentes voix féminines, masculines bref d’une tonalité aussi différente pour par exemple sonoriser les audio ou les traductions des discours des présidents, des hommes politiques ou des experts parce qu’on est un média multi-langues et il faudrait qu’on traduise les propos de notre président ou d’experts en d’autres langues pour que le monde voit ce qu’on fait aussi. Alors, on a créé ça, on est ravi et on continue de suivre les tendances et je pense que nous allons produire quelque chose d’autre, de nouveau, surtout que l’IA le permet.

Quel bilan faites-vous de cette innovation ? Avez-vous l’impression que le public reçoit favorablement ce concept ?

Il y a deux tendances : D’une part comme notre département africain a une audience plutôt africaine qui commence actuellement à prendre connaissance de ces astuces, ils ne sont pas habitués. Parfois on lit dans les commentaires qu’ils préfèrent voir une vraie personne mais pour nous, on voit aussi que ces vidéos commencent à devenir populaires en termes de vues, ce qui veut dire que ça contribue quand même à la visibilité de nos contenus et je pense qu’au fur et à mesure que le monde se tourne vers la numérisation tout le monde va s’habituer à ça et ce sera quelque chose de normal.

Face à cette montée en puissance de l’Intelligence Artificielle avez-vous le sentiment que la profession de journaliste a gardé ses fondamentaux empiriques à savoir la collecte, la vérification des faits, la confrontation des sources avant la publication? Par ailleurs, au sein de Sputnik cette nouvelle donne n’a-t-elle pas entrainé la perte d’emplois à certains corps de métier notamment celui du journalisme ?

Vous savez, on voudrait embaucher plus de personnes parce qu’on a besoin de plus de contenus. En effet, avec l’IA on a augmenté le nombre d’articles, de vidéos etc. donc ça contribue à ce qu’on a voulu. Et en même temps au sein de notre média, personne n’a perdu le boulot on va embaucher de plus en plus de professionnels parce que ce travail nécessite des compétences complémentaires, des compétences à part et les journalistes deviennent de plus en plus multifonctionnels et s’enrichissent et enrichissent leur connaissance, leur compétence, leur savoir-faire et maintenant beaucoup de journalistes ont dû bénéficier de renforcement de capacité et c’est certes pas difficile de s’adapter car il faut juste la volonté, la curiosité. Et par la suite, les journalistes eux-mêmes avouent que c’est facile de traiter avec ces nouvelles technologies car ça facilite certaines tâches. En réalité, ils ne doivent pas faire des tâches primitives mais se concentrer sur quelque chose d’essentielle, de sérieux. Ainsi, collecter les informations ça devient de plus en plus facile grâce à l’Intelligence Artificielle, ils savent que les informations découlent d’internet mais il faut vérifier que ça soit de qualité parce qu’il y a des Fakes sur internet, il y a des propagandes, il faut vérifier et veiller à ce que le produit qui sort, soit de qualité, soit fiable.

Pour terminer madame Victoria Budanova, Est-ce que dans la conception de vos avatars vous tenez compte des accents en langues, ceci quand on sait que celui qui parle l’anglais ou le français en Afrique n’a sans doute pas le même accent que celui d’un autre continent ?

(Sourire) Exactement, c’est une question intéressante parce que quand on crée des avatars pour différentes langues on a pensé à ça. Par exemple un français à l’africaine se fera avec l’Intelligence Artificielle, vous pouvez choisir votre accent pour n’importe quelle langue. Par contre, pour les programmes qu’on utilise ce sont des programmes élaborés en occident, il y a peu de langues africaines mais je pense que ça pourra se faire avec le temps. Les logiciels qui sont élaborés par d’autres pays comme la Chine, la Russie vont intégrer de plus en plus de langues, d’astuces et ce sera une occasion pour tous, de faire ce qu’il voudrait faire.

Interview réalisée par

Brice NGOLZOK

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About the Author

Brice Ngolzok
Journaliste économique spécialiste des questions d'innovation

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