République du Niger contre CEDEAO : allons-nous droit vers une guerre par procuration à l’ukrainienne ?

La bipolarisation en cours du monde ne saurait laisser notre érudit des sciences du langage sans voix. Maurice Tetne, l’ex ouvrier des plantations vient réveiller les esprits conscients ou naïfs sur la grande guerre idéologique entre l’occident néocolonialiste et l’Afrique panafricaniste.  Votre chroniqueur au travers de sa perspicacité et de son serment inamovible pour la littérature engagée vous livre les enjeux de cette guerre qui se dessine sur le territoire nigérien.     

« Les guerres européennes sont causées par des diplomates qui mentent aux journalistes, et qui ensuite croient ce qu’ils lisent dans les journaux » Karl Kraus (1874-1936), Journaliste et dramaturge autrichien.

Après le vent des « indépendances » au début des années 60, le vent de « démocratie » du début des années 90, souffle sur le continent en ce début de siècle un vent véritable de liberté qui porte un coup sérieux aux intérêts des Occidentaux en Afrique. Les indépendances « accordées » sans effort à ceux qui souhaitaient la pérennisation de l’occupation étrangère et la démocratie propagandiste ont clairement montré leurs limites. Elles ont eu le mérite de multiplier par cent la misère des peuples. Les divers accords de coopération coloniale, savant mélange de malice et de duperie, ont fabriqué une caste de dictateurs dont les mandats éternels à la tête de leurs sous-préfectures respectives leur garantissaient impunité et immunité.

Face à cet état de fait, le Mali, le Pays des Hommes Intègres, et plus récemment le
Niger (tous des victimes directes de l’agression occidentale en Libye en 2011) ont décidé de prendre les choses en mains afin de garantir un avenir plus optimiste à leurs populations. Cet acte de souveraineté appelé par les uns coup-d ’état et par d’autres putsch, n’est pas du goût de ceux que la paupérisation du continent engraisse. Aussi, ont-ils jugé opportun d’engager le syndicat des sous-préfets locaux (CEDEAO) dans une offensive militaire afin de rétablir leur collègue dans ses fonctions. Ledit collègue, élu « démocratiquement » en a appelé aux Américains et non au peuple qui l’aurait démocratiquement élu, allez savoir pourquoi.

L’intervention de l’OTAN en Libye en 2011 et l’assassinat du premier grand panafricaniste tombé au 21 ème siècle, Mouammar Kadhafi (1942-2011), a ouvert le boulevard du terrorisme dans le sahel, terrorisme nourri et entretenu par les autorités françaises que le Mali dénonce avec preuves à l’appui aujourd’hui. Le Niger, point stratégique des intérêts français en Afrique, vient d’ouvrir la voie à sa souveraineté et le « Pays des Droits de l’Homme » active ses réseaux mafieux pour une offensive militaire au Niger.

Le piège dans lequel s’aventure naïvement la CEDEAO va se refermer contre elle.
Cette guerre par procuration qui ressemble en plusieurs points au scénario ukrainien diffère en ceci qu’elle va opposer entre-elles des peuples frères. Les marionnettistes qui sémantisent en coulisse le catalogue de la guerre n’ont pas grand-chose à faire du tas de cadavres qui va résulter de cette aventure foireuse. Pour eux, ce conflit sous-régional ne sera perçu que comme une guerre de « sauvages » qui s’entretuent. En 1950, Aimé Césaire précisait déjà dans Discours sur le colonialisme que « L’Europe est comptable devant la communauté humaine du plus haut tas de cadavres de l’histoire ». Ils sont prêts à en entasser davantage au nom de leur démocratie et c’est à nous, peuples d’Afrique de comprendre réellement quels sont les enjeux de ce qui se prépare. Bien naïfs ces sous-préfets qui pensent qu’ils jouiront du même soutient en armement dont a jouit l’Ukraine.

Une agression terroriste de la CEDEAO contre le Niger serait une agression contre
les peuples africains, c’est-à-dire une guerre perdue d’avance. Les marionnettistes seront prêts à lâcher les marionnettes dès que la situation sera hors de leur contrôle. Nous n’avons pas besoin d’une guerre sur le continent, car elle ne profiterait qu’à ceux qui ont intérêt à ce que les Africains s’entretuent. Ce qui se joue au Niger est une guerre du panafricanisme contre l’impérialisme et rien d’autre. C’est le combat de toutes et de tous. C’est la voie vers la souveraineté qui est ouverte. Panafricanisme sans souverainisme n’est que propagande. Le panafricanisme doit être porté par une pensée centrale (et pas unique) capable d’activer les mécanismes pour la quête de notre liberté. Un combat se construisant dans les idées et dans l’action, nous devons
reconnaissance aujourd’hui à ces braves fils de l’Afrique qui ont assimilé les idées
panafricaines et qui s’engagent désormais dans l’action. Peuples africains, suivons ce vent de liberté. Cette guerre par procuration au nom de leur démocratie ne vise rien d’autre que la perpétuation du joug néocolonial sur le continent. Avons-nous d’ailleurs besoin de la démocratie en Afrique ? Ceci fera l’objet de notre prochaine chronique.

Panafricainement vôtre !

Maurice Tetne,
Ex-ouvrier des plantations

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Brice Ngolzok
Journaliste économique spécialiste des questions d'innovation

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