Numérique-Afrique: Quel usage culturel et responsable pouvons-nous faire des réseaux sociaux ?

Une fois de plus et comme vous avez désormais coutume, nous livrons cette nouvelle grammaire de l’Ex-ouvrier des plantations qui vous immerge dans le labyrinthe parfois très controversé de l’utilisation irresponsable voire déviant des réseaux sociaux dans le continent berceaux de l’humanité. Une plume lucide, responsable et surtout interpellatrice en vue d’une utilisation responsable des Réseaux Sociaux, qui, au demeurant ont de nombreuses vertus. Bonne lecture à tous!!!    

“Tradition in most African cultures provided for social set-ups as a way of checking the excesses of the people. Children were taught to love and appreciate one another; fighting and acts of bullying were greatly prohibited and in many cases severely punished. […] While some may regard aforementioned as old fashioned and infringement on the rights of the child, these traditional values helped to keep youngsters in Africa in check. The current misuse of social media amongst African youth calls for the need to emphasize the appropriate use of social networks” Philip Effiom Ephraim African Youths and the Danger of Social Networking: a Culture-Centered Approach to Using Social Media. (2013)

« Dans la plupart des cultures africaines, la tradition prévoyait des leviers sociaux pour contrôler les excès de la population. L’on apprenait aux enfants à s’aimer et à s’apprécier mutuellement ; les bagarres et le harcèlement étaient fortement interdits et, dans de nombreux cas, sévèrement punis. […] Bien que certains puissent considérer ce qui précède comme démodé et comme une atteinte aux droits de l’enfant, ces valeurs traditionnelles ont contribué à garder les jeunes Africains sous contrôle. L’utilisation abusive des réseaux sociaux par les jeunes Africains appelle à la nécessité de mettre l’accent sur l’utilisation appropriée de ceux-ci ».

En ce siècle naissant, notre société connait de profondes mutations qui ne sauraient laisser l’Africain(e) indifférent(e). Nous cheminons avec notre temps et sommes, d’une manière ou d’une autre, influencé(es) ou influençables par les multiples changements qu’il nous suggère. Le domaine qui, sans doute, interpelle le plus en ce premier quart de siècle, est celui de la vulgarisation des réseaux sociaux. Comment s’approprier cet outil sans devenir des Africain(es) contrefait(es) ? En d’autres termes, comment rester Africain(e) devant la vague déferlante des tendances addictives que les réseaux sociaux proposent ? En bon précurseur, le professeur Philip Effiom Ephraim voyait déjà le mal gagné du terrain et proposait une approche éthique et culturelle de l’usage des médias sociaux. Dix ans plus tard, il doit, non pas se retourner dans sa tombe (car Dieu merci il est encore vivant), mais tomber des nues.

Internet est un instrument visuel puissant qui a fait de l’image de soi un outil marketing redoutable. Il est devenu une plateforme de rencontre des énergies qui se frottent et se consument. La prime à l’apparence est devenue, dès lors, un facteur de rémunération qui nous entraîne vers une préservation coûte que vaille de l’image de soi que nous vendons. Peu à peu on s’enfonce et on s’oublie dans ce labyrinthe, bercé par des mentions « j’aime » qui caressent notre égo devant une contemplation narcissique de nos émotions refoulées. Le désir de paraître (et non plus d’être) a crucifié notre droit à l’intimité et à la discrétion. La folie de la vanité accomplie aidant, nous versons dans les invectives et le trash talk pour reprendre l’expression anglaise, et refoulons peu à peu nos valeurs africaines de respect, d’altruisme, de respect de la dignité humaine, etc. Les réseaux sociaux se présentent ainsi comme le parc d’attraction des émotions incontrôlées où pudeur et modestie ne trouvent plus leur chemin.

Chères lectrices et chers lecteurs de notre journal, supposons qu’il existe un peuple Lambda jusqu’alors inconnu de notre monde et de la civilisation humaine. Donnons à ce peuple un trésor ou une valeur quelconque que nous nommerons valeur X, profitable aux Hommes qui habitent la surface de la terre. Au contact de ce peuple, les Africains copieront bêtement ce qu’ils auront vu et appris, au point de s’oublier et de quitter leurs propres repères. Ils se vanteront de cette valeur que leurs usages inconséquents auront déjà dénaturée et jouiront ainsi, dans l’ignorance, du repos paisible des imbéciles heureux. Rendez-vous manqué ! Au contact du même peuple Lambda, les Asiatiques observeront la valeur X, rentreront chez eux et fabriqueront une version frelatée et bon marché de ladite valeur pour en inonder le marché mondial dans une logique consumériste et capitaliste. Les Occidentaux enfin, à leur contact, détruiront ce peuple jusqu’au dernier rejeton, s’approprieront la valeur X, réécriront l’histoire à coup de lavage de cerveau et de propagande médiatique et, après trois siècles, nous serons tous d’accord que le Occidentaux sont à l’origine de notre chère valeur X. Manière grossière vous nous direz, de présenter les choses, mais elles ont leur part de vérité dans la manière dont différents peuples de la terre appréhendent les grandes questions de civilisation.

Il existe sur la toile une magie cérémonielle qui s’apparente à un exercice collectif d’hypnose. Les contenus intelligents y abondent, mais ne sont pas ceux qui font les plus grandes audiences. C’est un phénomène culturel qui doit nous enrichir sans nous abrutir, sans nous convertir. L’Afrique a ses codes et ses valeurs qui ne sont pas celles des autres. Les autres ont leurs valeurs qui ne sont pas celles de l’Afrique. Beaucoup se perdent dans le labyrinthe mais les sentinelles et les éclaireurs ne manquent pas. À nous d’adopter une attitude ethnoresponsable et ethnoconsciente devant ce fait de civilisation qu’on appelle réseau social.

Maurice Tetne,

Ex-ouvrier des plantations

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Brice Ngolzok
Journaliste économique spécialiste des questions d'innovation

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