Tribune libre-Cameroun : Quand la mal gouvernance vomit son venin en public !

CHRISTIAN ESSIMI, Journaliste

Voilà déjà des jours entiers que le débat autour du combat dit on, contre les discours de haine s’est amplifié au Cameroun, à la faveur d’une sortie par voie de communiqué du Ministre de l’Administration Territoriale, lequel relevait les positions du gouvernement au terme d’un point de presse effectué le 17 mai à Yaoundé, avec au cœur Paul Atanga Nji lui même, René Emmanuel Sadi, porte parole du gouvernement et Ministre de la Communication, Peter Mafany Musunge , Président de la Commission Nationale du Bilinguisme et du Multiculturalisme.

Depuis lors , radios et télévisions, dans leurs espaces dédiés aux débats et autres informations, en font désormais un credo, avec des refrains mal repris en choeur, qui frisent la confusion absolue. De tout ce bruit évidemment politique, voici ce que je sais .

Aucune loi interne à ce stade de notre législation, ne consacre expressément son contenu à ce nouveau vieux phénomène, appelé  » discours de haine ». En l’absence d’une base légale solidement construite autour d’une loi, aggravée en cela par un manque d’articulation scientifique concrète sur la situation à partir des référents spécifiques, la sortie du gouvernement sous fond de menaces de représailles, pourrait elle donner matière à calmer le jeu? Pas du tout certain.

Car, au terme de ce communiqué signé du Ministre Atanga Nji, plus grande est encore la confusion aujourd’hui par rapport à hier au sujet de la compréhension de ce qui est incriminé, du combat à mener et de sa finalité. En d’autres termes, pour que le vol, c’est à dire prendre la chose d’autrui sans demander soit institué comme tel, il aura fallu d’abord et préalablement édicter des normes, faire advenir une loi, par devant laquelle chaque citoyen est astreint au Respect. Dans le cas d’espèce, quel est le document qui fait autorité pour qualifier un discours de haineux ?

Pour tout dire, c’est quoi un discours de haine ? A quel moment une sortie publique peut elle revêtir un caractère de discours haineux ? Qui en détermine la frontière ? A partir de quels référents ? L’impossibilité apparente de répondre à ces questions avec précisions serait la preuve exacte qu’il s’agirait là d’une agitation populaire sans que sur les faits, cela impacte grand monde . En l’absence des éléments d’autorité qui font sens de façon normative, il serait loisible de penser que le phénomène de discours de haine n’ait jamais existé, ou plutôt serait marginal, et donc pas assez préoccupant pour donner à y consacrer des éléments de droit pertinents à cette étape.

Les discours de haine seraient donc autre chose. Une expression du mal être profond des camerounais, dont la qualité très faible d’une vie collective serait aujourd’hui au bord du gouffre: Vie chère, électricité quasi inopérante, eau potable en évaporation, structures sociales inefficaces pour la plus part, inégalités socio-économiques grandissantes et injustices constituées en règle de gouvernance. La liste n’est pas exhaustive. La majorité, face à tout cela va de frustrations en frustrations, et ne trouve que la parole pour dire son mot juste.

Les chantiers sans exhaustivité aucune, énumérés plus haut ont été le théâtre d’une incompétence notoirement reconnue et largement étalée de ce gouvernement dans sa grande majorité, lequel refuse désormais d’assumer sa part d’histoire en se cherchant désormais une bonne image autour des questions qu’il a pourtant travaillé à faire naître par le passé, du fait de son action inconsistante.

Plus besoin de les accabler continuellement, il est question de penser demain autour d’une question fondamentale : Quel pays sera donné en legs aux camerounais de demain ? Quelles en seront les valeurs sociales prônées, pour construire une société capable de puiser dans ses différences pour bâtir une nation forte et prospère ?

C’est cela le combat autour duquel notre gouvernement doit nous conduire, dans la perspective de faire advenir une nouvelle grammaire de cohésion et de justice sociales .

Christian Essimi

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Brice Ngolzok
Journaliste économique spécialiste des questions d'innovation

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