Cameroun-Austérité Budgetaire: La main invisible des bailleurs de fonds

La réduction de plus 260 milliards de FCFA de l’enveloppe annuelle de l’Etat est la résultante d’une pression des instances de Breton Wood, à la suite de nombreux emprunts improductifs effectués par le Cameroun auprès des créanciers internationaux.

L’enveloppe budgétaire 2020, marque la rupture avec une tradition ancrée dans les mœurs des suiveurs logés dans les enseignes de la chambre basse et haute du parlement camerounais. Un retour a une plus grande lucidité en matière budgétaire, chose sans doute que le pays n’a pas connu depuis l’atteinte de l’Initiative Pays pauvres Très Endettés( PPTE) en 2007. Plus d’une décennie au cours de laquelle le pays n’a cessé de faire des augmentations à la va tout de l’emploi et des ressources annuels, sans que celles-ci ne soient visibles sur le quotidien des populations, fragilisées qu’elles sont par le manque drastique de biens basiques.

DGI CAMEROUN

A l’observation on pourrait tirer un coup de chapeau à l’exécutif camerounais qui aurait choisi d’emprunter contre toute attente, la voie de l’assainissement en muselant certaines niches de dépenses superflues, au profit d’une plus grande abnégation des agents publics dans la réalisation des objectifs de Développement. Oh que neni! La baisse constatée de l’enveloppe budgétaire du Cameroun à hauteur de près de 261 milliards de FCFA, faisant passer celui-ci de 5212 milliards de FCFA à 4951,7 milliards en valeur absolue soit une réduction en valeur relative de plus de 5%. Une réduction qui porte subrepticement la griffe des partenaires financiers extérieurs.

L’impact des bailleurs de fonds

Le rôle des instances internationales dans la conception du budget aux allures d’austérité pour les agents de l’Etat apparaît de façon claire, au regard des recommandations contenues dans les différents accords avec le pays de Paul Biya. En effet les nombreux emprunts sans lendemains effectués par le Cameroun auprès des bailleurs de fonds cheminent peu à peu vers leur phase critique: celle du remboursement. Le récent programme économique et financier signé en juin 2017 avec le Fonds monétaire Internationale(FMI), sous la base d’une Facilité Elargie de Crédit(FEC) d’environ 340 milliards de FCFA, intégrait déjà des mesures quelques peu drastiques à prendre pour assurer la continuité du partenariat avec le groupe de Breton Wood.

LOGO SIEGE FMI

Au centre de cet appui triennal 2017-2020 du FMI accordé au Cameroun figure trois piliers fondamentaux à savoir: L’assainissement budgétaire avec des actions de court terme pour augmenter les marges de manœuvre budgétaire et extérieure et permettre la réduction du déficit de ce budget de 4,5% en 2017 à 1,7% en 2020, tout en sauvegardant les dispositifs de protection sociale; des réformes structurelles sur le plan budgétaire pour mieux atteindre les objectifs fixés dans le cadre du DSCE et faire du Cameroun un pays émergent à l’Horizon 2035; enfin des réformes pour booster le secteur privé et augmenter la résilience du secteur financier par le biais d’une diversification de l’économie.

    Des éléments qui affichent à suffisance la pression dans laquelle se trouve le Cameroun et par conséquent l’Administration de ce pays. Alors reposer la réduction du budget 2020, sur les épaules de l’exécutif camerounais serait selon certains observateurs avertis: « se méprendre sur les agents de l’Administration camerounaise, fortement attachés aux avantages de toute nature pour leur confort individuel ». L’illustration est faite au travers des montants faramineux estimés en moyenne à plus de 70% du Budget, destinés au fonctionnement de ces travailleurs, dont on sait, se taille la part belle de ce gâteau annuel.

Un fonctionnement qui se résume en frais de mission avec des agents qui peuvent avoir plus de 100 jours de mission par an, en frais consacrés aux buffets copieux pour satisfaire les papilles gustatives et les ventres de ceux-ci, en achats de voitures de luxe pour mieux se pavaner dans les rues des capitales régionales et autres lieux de plaisirs avant  le weekend, moment idoine pour visiter le village à bord de cette cylindrée qui servira à porter les nombreuses provisions tirées de la campagne. C’est ce budget de fonctionnement qui est voté sans ambages par les élus nationaux et régionaux du parlement camerounais depuis plusieurs années. 

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Brice Ngolzok
Journaliste économique spécialiste des questions d'innovation

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