Fiscalité:Plus de 300 FCFA par bière vont dans les caisses du Cameroun

Cette filière contribue à hauteur de plus de 1500 milliards de FCFA aux recettes fiscales de ce pays de la Sous-Région Afrique Centrale.

1500 milliards de FCFA, soit près de 73% des recettes fiscales internes attendues en 2019, de la Direction Générale des Impôts et sensiblement le tiers du budget global de l’Etat seront issues du secteur brassicole. Les bars constituent donc un secteur de choix pour l’atteinte des objectifs fiscaux au Cameroun.

Les barmen réunis au sein du Syndicat National des Exploitants des Débits de Boisson du Cameroun ont rappelé l’importance de cette activité dans la collecte des plus 5000 milliards de FCFA du budget 2019,ceci au lendemain de leur rencontre traditionnelle, baptisée « La semaine du barman ». C’est: « Environ 80% de l’impôt payé par les tenanciers des débits de boisson sont prélevés à la source » affirme Jean-Pascal Kenmogne, vice président du SYNEDEBOC, région du Centre.

Réalité de terrain

Selon l’équipe conduite par Roger TAPA TCHIOSSI, le Président National du SYNEDEBOC, leur activité est l’une, sinon la plus lucrative pour l’Etat, car: « celle-ci est frappée de nombreuses taxes tant au niveau de l’achat avec les 19,25% de TVA. Un montant prélevé sur chaque casier de boisson et à cela est déduit 5% des précomptes sur achat ». Une retenue fiscale provisoire qui sera reversée à la fin de chaque semestre à tout tenancier de débits de boisson en règle avec fiscalité, à hauteur de 2,5% pour les barmen classés sous le régime de la patente ou simplifié et 3% pour ceux inscrits au régime réel.

Au niveau de la vente c’est une retenue appliquée de façon directe sur le prix d’une boisson gazeuse. A ce titre c’est 347 FCFA, qui sont reversés dans les caisses de l’Etat pour la vente d’une bière de 650frs soit près de 54% en valeur relative sur chaque bouteille vendue à un consommateur . Le reste, soit 303 frs est redistribué entre le producteur et les barmen.

Un secteur lucratif

Des chiffres plutôt flatteurs pour les caisses de l’Etat et sans doute à l’origine de la facilité voire le laxisme permanent en matière d’ouverture des débits de boisson au Cameroun,où les principes basiques comme la distance d’environ 500 mètres entre deux établissements de ce type n’est point respectée.

BOISSONS ALCOOLISEES

Une inertie qui donne lieu à une vallée de bars dans chaque quartier des métropoles camerounaises. Les récentes statiques, selon une enquête menée par le SYNEDEBOC, font état de plus de 11000 bars à Yaoundé, soit un bar tous les 60 mètres. Un chiffre bien plus élevé dans la capitale économique où l’on dénombre plus de 15000 débits de boisson.Un nombre de plus en plus croissant alors que le pays escompte devenir émergent en 2035, ceci se fera apparemment à travers cette politique de promotion des lieux de débauche avec une population en situation d’ivresse permanente, éloignée des bibliothèques et tout autre vecteur du savoir.

Normal, au regard des gains générés par ce secteur, devenu au fil du temps une voie royale pour combler le déficit de l’assiette fiscale au Cameroun avec comme conséquence, l’augmentation quasi récurrente des taxes dans cette filière. Des impôts vont de la TVA jusqu’aux droits d’accise sur les produits brassicoles, considérés bientôt comme étant un bien de luxe en passant par les précomptes et autres prélèvements de terrain, opérés par les impitoyables corrompus exerçant dans les mairies ou dans les forces de défense camerounaises.

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Brice Ngolzok
Journaliste économique spécialiste des questions d'innovation

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