Cameroun :Voici pourquoi les travailleurs de CFHEC sont en Grève

En moins de 8 mois l’entreprise CHINA FIRST HIGHWAY ENGINEERING COMPANY (CFHEC)  a licencié plus de 300 employés

Direction CFHEC

Direction CFHEC

Le 03 novembre 2016, après des revendications sur le chantier, les travailleurs ont reçu des promesses de solutions de leur problème. A la sortie de la réunion de concertation présidée par le Ministre des Travaux Publics Emmanuel Nganou Djoumessi, un procès verbal signé par 8 huit personnes et comportant 13 résolutions avait été adopté.Les travailleurs avaient accepté de retrousser les manches pour ce projet. Ce procès verbal après sa signature a été considéré comme un torchon et mis aux oubliettes. Pendant ce temps plusieurs travailleurs ont souffert, beaucoup ont été licencié et certains sont morts dans la misère, laissant derrière eux des femmes et des enfants. Face à la non application des résolutions du procès verbal, les travailleurs ont constaté que la CSTC, partie syndicale n’était plus à la hauteur de leurs revendications et ne se souciait plus de leurs conditions difficiles.

Le 5 juin 2017, de la volonté  des travailleurs, ils ont démissionné en bloc de la CSTC et ont crée un syndicat dénommé Syndicat Départemental des Bâtiments et Travaux publics du Mfoundi (SYNTRABTP). A la suite de cette création ils ont affilié leur organisation à la Confédération Camerounaise du Travail(CCT). Mais malgré tout ces efforts  pour mieux organiser leur revendications,l’employeur (CFHEC) refuse de reconnaître leur existence légale tout en ayant des préférences à la CSTC qui n’est plus en harmonie avec les travailleurs. Face à cette situation difficile et rompu de dialogue les travailleurs décident de faire un arrêt de travail le 15 septembre 2017 et la CCT signe un communiqué à cette effet.

Mot d'ordre de grève

Mot d’ordre de grève

Le mot d’ordre de grève étant lancé, le Délégué Régional du Travail Centre sollicite une concertation urgente en date du 14 septembre 2017.A cette rencontre, les représentants de l’entreprise refuse de reconnaître les revendications des travailleurs. Néanmoins au bout de sept heures de discussion tripartite, une nouvelle rencontre est adoptée par les parties pour commencer le début des solutions aux problèmes des travailleurs.La rencontre est prévue pour le 26 septembre à 15 heures. A ce rendez-vous, les représentants de l’entreprise, les travailleurs et de l’équipe de la CCT ont répondu présent.Mais curieusement, le Délégué Régional du Travail est absent. Etant difficile de dialoguer,la concertation a échoué. Les travailleurs décident à la fin de cet échec de manifester leur colère autrement. Par ailleurs, une pétition  des travailleurs de près de 500 signatures présentant leur souffrance, leur pitié, leur misère,leur maltraitance avait été déposée aux autorités Camerounaises en début du mois de septembre 2017,et jusque là pas de solutions à leurs cris.

Procès verbal de la concertation du 14 septembre 2017

Procès verbal de la concertation du 14 septembre 2017

Plutôt le 28 avril 2017, l’entreprise CHINA FIRST HIGHWAY ENGINEERING COMPANY(CFHEC) avait décidé de mettre une partie de  ses travailleurs chargés du terrassement de la phase 1 de l’autoroute Douala-Yaoundé en congé technique pour une durée indéterminée à partir du 02 mai. La note adressée au Délégué Régional du Travail et de la Sécurité Sociale du Centre, précise que le maître d’ouvrage n’envoie plus d’argent au chantier depuis longtemps et donc incapable de payer les salaires. Deux jours après, le délégué régional a saisi le Directeur Général de cette structure pour lui présenter néanmoins les risques. Dans la note de service N° 41 signé le 29 avril suite à cette lettre et affiché au chantier de l’autoroute, la durée du congé technique mentionnée est d’un mois avec respect des droits des travailleurs. Les deux documents officiels ont un contenu différents sur la même cause. Curieusement.

De toutes ces causes et conséquences, en moins de 8 mois cette entreprise a licencié plus de 300 employés à tort ou à raison  en violation totale du Code  du travail camerounais. Plusieurs travailleurs n’ont pas de contrat de travail et sont traités comme de petits animaux.Les travailleurs sont régulièrement mordu par les chiens des chinois et sans aucune prise en charge.

Le projet de l’autoroute est capital pour le développement du Cameroun certes. Mais doit-on construire le pays dans la violation totale des droits des travailleurs camerounais? A titre de rappel, le projet de l’autoroute Douala-Yaoundé est financé à hauteur de 85% hors taxe et le gouvernement camerounais à 15% TTC. Et comme précision, ce financement chinois n’est pas un don ; la compensation entre dans la balance des accords que le Cameroun engage avec la chine. Il en ressort que  le Ministre des Travaux Publics Emmanuel Nganou Djoumessi a signé un document qu’il n’a jamais demandé son application en date du 7 novembre 2016. Ainsi va le Cameroun.

Interview Collectif de deux travailleurs, ils sont tous délégués du personnel  à  CFHEC.

Eric Ondoa

Tamjong Lawrence

Tamjong Lawrence

Il s’agit de Monsieur Ondoa Fidèle Eric , président du Syndicat Départemental des Bâtiments et Travaux public du Mfoundi (SYNTRABTP) et délégué du personnel au sein de l’entreprise CFHEC et de Monsieur Tamjong Lawrence, Vice-président du Syndicat Départemental des Bâtiments et Travaux public du Mfoundi (SYNTRABTP) et délégué du personnel.

Quelle est la réalité autour des 13 points arrêtés dans le procès-verbal du 03 novembre 2016 ?

Pour le premier point sur les primes, à la fin du mois de novembre, cela n’a pas été fait. Il avait pourtant fait comprendre qu’ils vont faire un rappel en fin du mois de novembre ou décembre, il fallait qu’il cause avec le président de la CSTC, Monsieur Zambo Amougou. Mais semble-t-il en complicité avec la commission, ils ont boycotté en donnant dix mille francs CFA à tous les travailleurs comme prime, sans tenir compte des critères.

Le deuxième point  n’a jamais été respecté. Le premier problème, les cantines sont dehors, les ouvriers mangent dehors. On ne sait pas si on a un environnementaliste dans la société. Il faut voir où les ouvriers dorment ; d’autres dorment dans les camions par ce qu’en brousse il n’y a pas de maisons, ce tronçon passe en pleine foret. Les chinois refusent que les gens logent en ville afin de les transporter pour le chantier. Rien n’est fait.

Pour le point de la CNPS, nous les travailleurs n’avons pas assez de temps pour vérifier si effectivement nous sommes affiliés. Ils ont apporté une liste des travailleurs soit disant affiliés.Par ailleurs, on a trouvé qu’il y a une liste après ce procès-verbal avec le ministre avec en majorité les travailleurs  licenciés.

Pour le quatrième point, il y a un problème au niveau des dossiers. Ici au Cameroun, pour les BTP on n’a jamais demandé l’extrait du casier judiciaire dans nos entreprises depuis que je travaille voici bientôt 16 ans.(Eric Ondoa) Mais le problème qui empêche aux ouvriers d’avoir les contrats c’est par ce qu’ils n’ont pas de temps pour aller faire des extraits de casier. Imaginez que tu sors de Bamenda et on te demande d’aller faire l’extrait du casier ; tu dois prendre combien de jours? Est-ce que tu seras pointé ? Autant de questions qui bloquent. Les ouvriers sont dépassés.

Pour le cinquième point, il y a jamais eu de casses, ni violence. Nous respectons ce point.

Le sixième point, ils ont joué à la politique. On nous a présenté un assistant comme chef du personnel, il n’est pas compétent.

Pour le septième point, le recensement a été fait. Mais pas dans les délais et jusque-là on n’a pas de réponse aujourd’hui sur ce recensement.

Le huitième point n’a pas été respecté car la liste a été affichée en janvier 2017 et sur cette liste c’était les ouvriers qu’on avait déjà licencié.

Pour le neuvième point cela est  administratif donc nous n’avons pas d’informations.

Sur le 10ème point, la vraie commission n’a jamais été créée jusqu’aujourd’hui. La commission qui a été créée est celle des membres du gouvernement il n’y jamais eu aucun délégué du personnel jusqu’à présent.

Le 11ème point n’a jamais été respecté. Jusqu’aujourd’hui il y a toujours les bruits au chantier. Les ouvriers ne sont pas contents. Rien n’a été fait, rien.

Au lendemain de la levée du mot d’ordre de grève en 2016 quelle était l’ambiance dans la reprise du travail ?

Au lendemain de la levée, vue la parole du ministre des travaux, l’environnement était calme. Les ouvriers avaient la confiance qu’après la reprise des travaux, tout sera mis en place comme le ministre avait dit. De tout cela, nous sommes déçus. L’entreprise ne respecte pas notre gouvernement.

Quelles sont vos revendications majeures ?

Comme points essentiels il s’agit : application du procès-verbal du 3 novembre. C’est ce que les ouvriers attendent. Nous voulons aussi une solution pour a l’affiliation à la CNPS. C’est notre pension vieillesse. Nous allons vivre comment  si nous ne sommes pas affiliés à la CNPS.

A suivre…

Rigobert Kenmogne

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  1. Le Cameroun doit résoudre ses problèmes

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